Léo Nataf: Origine(s)?

11 Octobre - 15 Novembre 2022

« Pour moi, l’identité et les origines sont une fiction. Une fiction que chacun se raconte à sa manière à partir de son histoire individuelle, collective et des récits qui le traverse. A s’y méprendre, on pourrait réduire mon oeuvre à une quête de ses origines, voire des origines de l’humain. Or, IL N’EN EST RIEN. Mon oeuvre est une tentative de faire avec la béance, le trou, l’impossible. Origines et identités sont frappés par un impossible : impossible à dire, impossible à écrire, impossible à montrer. » (Léo Nataf).

Du 11 Octobre au 15 Novembre 2022, la Galerie Boulakia en partenariat avec le club Millenn'Art presentera, au 41 Dover Street à Londres, l'exposition “Origine(s)?”, le premier solo show londonien de l'artiste français Léo Nataf.

Fruit de la collaboration père-fille entre Daniel et Annabelle Cohen-Boulakia, l’exposition “Origine(s)?” est née d’une envie partagée de présenter à Londres le travail de l’artiste français Léo Nataf représenté par Millenn’Art. Du 11 octobre au 15 novembre 2022, la Galerie Boulakia présentera un ensemble de sculptures mettant en avant le rapport de l’artiste entre son corps et la matière.

Né en 1994, Léo Nataf, jeune plasticien français, diplômé de la St Martins School à Londres, a aujourd’hui son atelier à Saint-Denis. Sa première exposition personnelle a été organisée par Millenn’Art en collaboration avec Clavé Fine Art à Paris en 2021.

“Connaître, c'est connaître par les causes. Comprendre, c'est remonter aux origines. Dans la forêt, dans la savane, sur la mer, dans les sables du désert, le commencement des commencements, le début de toutes choses est le mythe majeur des hommes.”(Jean D’Ormesson, C’est une chose étrange à la fin que le monde, 2010).

Interpréter, imaginer, la civilisation à son commencement est l’axe majeur de la réflexion artistique de Léo Nataf. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, Ethiopie, Mésopotamie, Mexique, et Amazonie, il rencontre, pour mieux se retrouver.

Une tête, un buste, deux jambes. Par la série des Gardiens, Léo tente de retranscrire son interprétation de ce qu’aurait pu être la première représentation sculpturale de l’Humain. Néanmoins, cette figure historique est d’emblée marquée d’un impossible : Léo oppose l’utilisation de matériaux chimiques tels que le béton cellulaire et l’émail, à des éléments plus naturels que sont la céramique et les pigments. Ces gardiens d’apparence solides et imposants se révèlent en réalité fragiles et instables. Ils sont le reflet d’une histoire manquante, évanouissante et illisible.

Léo a une façon singulière de travailler la matière. Les sphères sont un moyen d’explorer les fondements de l’origine. Léo lie l’humain et la matière. En utilisant la pratique du feu au sein de ses sphères, Léo brûle ses éléments qui se mêlent entre eux pour n’en faire qu’un. Les sphères sont composées de différentes matières telles que la céramique, le bois, la mousse, les pigments et la roche volcanique. Ces substances organiques sont sélectionnées minutieusement, en fonction de l’environnement dans lequel l’artiste se trouve. Lors d’une résidence au Mexique, en 2020, Léo découvre la roche volcanique. A l’inverse des autres éléments, cette pierre résiste au feu. L’artiste interprète alors cette matière, inébranlable face à l’intensité de la flamme, comme passage vers le chemin des origines.

Toute matière, organique ou transformée par l’humain, est Nature. Léo utilise des éléments issus de la Terre, tels que la céramique, la roche, le bois, mais aussi artificiels, la mousse ou le béton cellulaire. En les rassemblant, Léo n’en fait qu’un tout, qui brouille les frontières entre leurs origines.

Dans un autre temps, l’artiste use de son corps. Il porte, gratte, saccage. Léo a un besoin constant de ressentir sa matière. L’idée que l’humain puisse dominer la Nature est déconstruite. Léo est soumis aux changements de la matière, qu’il laisse vivre et se transformer, l’accident est partie intégrante de son travail. Le rapport dominant- dominé s’inverse. L’artiste, humble et observateur, devient alors passif et la matière créatrice.

Les travaux de Léo sont habités d’histoire et de croyances. Par son œuvre, le «Sphinx», l’artiste fait écho aux différents cultes des civilisations qui placent l’animal en lien entre le profane et le sacré.

 Léo questionne alors sa propre origine, d’où vient-il ?

La transmission, à la fois de la religion, mais surtout de la tradition, est primordiale dans le l’existence de Léo. L’artiste porte en lui les tourments d’un passé bouleversé, à la fois marqué par la souffrance de la Shoah, et les exilés et querelles identitaires des populations d’Afrique du Nord.

« Descendrais-je d’une tribu berbère que les Berbères ne me reconnaitraient pas ». (ALBERT MEMMILa statue de sel, 1953, éditions Folio). Léo vient de ce monde post- colonial, morcelé, décrit par l’écrivain tunisien Albert Memmi. Face aux récits de ses ancêtres, l’artiste écoute, observe, apprend et s’en nourrit, tout comme il aborde la matière.

Les nouveaux gardiens, imaginés à taille humaine, sont le manifeste des origines de Léo. Le marbre du Sahara et la pierre d’Iran incarnent ses origines SWANA (South Western Asia and North Africa), là où la pierre bleue de Hainaut fait référence à celles d’Europe de l’Est.

L’exposition “Origine(s)?” incarne les questionnements tangibles de l’« identité », afin d’en révéler ses limites. La matière devient le symbole des traces de l’histoire.